Thèse de doctorat

Google Scholar peut-il remplacer les bases de données bibliographiques classiques ?



Dans sa thèse de doctorat, Simona STIRBU, géographe responsable scientifique au sein de ULiège Library, s’est penchée sur les contenus moissonnés par Google Scholar dans le secteur de la Géographie et a établi des comparaisons avec quelques bases de données bibliographiques traditionnelles, multidisciplinaires (Web of Science, Scopus…) ou spécialisée (GeoRef). 

Quelle que soit l’approche adoptée, recherche par mots-clés, recherche d’un échantillon de publications déposées dans ORBi par les géographes ou, plus accessoirement, recherche des références bibliographiques relevées dans des thèses de doctorat, tous les résultats convergent et indiquent une supériorité très marquée de Google Scholar pour ce qui est du nombre de références couvertes. Le recouvrement avec les bases de données multidisciplinaires étudiées est quasi-total tandis que Google Scholar fournit de nombreuses références supplémentaires.

Concernant la qualité de la littérature spécifiquement fournie par Google Scholar, la chercheuse a montré qu’il s’agissait en grande partie de documents académiques, dont essentiellement des articles de périodiques, puis des proceedings, des thèses, des livres ou chapitres de livres, et des rapports. Une proportion importante des périodiques anglophones spécifiquement couverts par Google Scholar sont qualifiés de peer-reviewed1.

Par ailleurs, les périodiques spécifiquement couverts par Google Scholar montrent une plus grande variété de pays et de langues de publication que les périodiques communs aux différents outils bibliographiques. En cela, et aussi par l’apport de différents types de documents, Google Scholar s’apparente à la base de données spécialisée GeoRef. Cette dernière peut également fournir son quota de références spécifiques, mais dans une mesure moindre que Google Scholar.

Enfin, Google Scholar donne accès à de très nombreux périodiques scientifiques chinois et témoigne de l’émergence de la recherche scientifique en Chine, encore largement ignorée par les bases de données traditionnelles centrées sur l’Europe et l’Amérique.

Dans la deuxième partie de sa thèse, Simona STIRBU s’intéresse à la diffusion d’un échantillon de publications déposées dans ORBi par les géographes. Grâce au moissonnage d’ORBi, toutes les publications sont accessibles par Google Scholar et ont été téléchargées par 164 pays. Une approche statistique montre que les publications en langue française gagnent particulièrement en visibilité et que certains facteurs socio-économiques des pays influenceraient les téléchargements.

Pour conclure, Simona STIRBU répond de façon nuancée à la question « Faut-il utiliser Google Scholar ? » et rappelle les limites de l’étude, notamment parce qu’elle porte uniquement sur la géographie, même si cette dernière est une science multidisciplinaire.

Si la couverture de la littérature scientifique par Google Scholar est impressionnante par rapport aux bases de données multidisciplinaires classiques, les résultats indiquent que les bases de données spécialisées pourraient encore présenter un intérêt de ce point de vue. Par ailleurs, l’étude portait exclusivement sur les contenus des outils bibliographiques. Or, certaines caractéristiques chronophages de Google Scholar ne font pas l’unanimité : l’interface de recherche et ses possibilités, la fiabilité des algorithmes, les possibilités d’exploitation des résultats de la recherche, etc.

Il revient par conséquent à chaque chercheur de déterminer, en fonction de son sujet de recherche, s’il y a une plus-value pour lui à utiliser Google Scholar. Le monde académique doit également être conscient du risque que représente une situation de monopole pour l’accès à l’information, à laquelle pourrait conduire un usage exclusif et généralisé de Google Scholar.

 1 Source : Ulrichsweb 

 

En Savoir +

Développement de l’information électronique et Open Access en Géographie. Mise en perspective des performances des outils bibliographiques avec l’usage et la diffusion de la littérature scientifique, Simona Stirbu 

 

Contact

 Simona STIRBU, Bibliothèque des Sciences et Techniques, ULiège Library

 

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