Rencontre avec une Alumni | Marjorie Lismont


Rencontre avec Marjorie Lismont, Master en Sciences physiques (2009) et Docteure en sciences de l’Université de Liège. Consultante subsides à l'innovation chez Leyton depuis fin février 2020, elle est également Scientific Writer chez WEDs qu’elle a créé en 2019 en tant qu’indépendante complémentaire.


Choix des études

Marjorie LismontEnfant, je disais souvent que je voulais être ingénieur en aérospatial. J’étais émerveillée par les étoiles et je rêvais de construire des navettes spatiales, peut-être était-ce l’effet Apollo 13, ce film sorti quand j’avais 8 ans. J’appréciais également me lancer dans des grandes constructions K’nex mises en mouvement par des mécanismes de poulies. Avec tout ça, mon entourage me voyait déjà à la Nasa. C’était avec cette idée de devenir ingénieur que j’ai suivi un parcours classique Math-Sciences fortes en secondaire. Pendant mes deux dernières années d’humanité, j’ai eu cours de physique avec deux professeures exigeantes mais surtout très passionnées qui n’hésitaient pas à illustrer expérimentalement les principes théoriques enseignés. C’est alors que j’ai accroché à la physique autant qu’aux maths, et même plus.

Au moment d’entrer à l’université, j’hésitais entre les études d’ingénieur ou les études de physique, lesquelles venaient tout juste d’être allongées d’une année par le décret Bologne. La préparation de l’examen d’entrée en Faculté des Sciences Appliquées et surtout sa réussite ont fait que je m'y suis d’abord inscrite. Très rapidement après la rentrée académique, j’a eu une sensation de ne pas être à la bonne place, de ne pas correspondre au profil étudiant ingénieur. J’ai alors choisi de me réorienter vers la Faculté des Sciences et plus particulièrement vers la Physique.

Le choix de l’Université de Liège ne s’est jamais posé : c’était à 15 minutes à peine en voiture de chez moi et donc pas de coût supplémentaire à envisager pour un kot. J’appréciais également rester dans le foyer familial. De plus, ma maman avait elle-même suivi son cursus en mathématique à Liège donc ça ne devait pas être si mal !

Profession

2005

Après mon Master en Physique, j’ai enchaîné sur une thèse de Doctorat avec un mandat d’Assistante au Département de Physique. Je ne savais pas  vers quoi me tourner après le master : enseignement, recherche, ou entreprise. Sans avoir fait la didactique et sans expérience de stages, j'ai écarté le premier.
Lors de ma dernière année de master, ma promotrice de mémoire m’avait proposé de remettre un dossier Aspirant FNRS pour poursuivre mon mémoire. J’avais plutôt de bons résultats par rapport aux critères FNRS, et déposer le dossier n’engageait à rien, j’ai donc accepté. Malheureusement, les résultats du FNRS sont arrivés en juin et étaient  négatifs me remettant face à un choix professionnel difficile. En effet, j’étais un peu perdue quant à ce que je pouvais faire avec ce master en poche. C'était moins clair qu’avec un diplôme d’ingénieur ! Où postule-t-on en tant que Physicienne ? Surtout que quand vous dites « Je suis Physicienne », les gens vous regardent souvent d’une façon étrange genre savant fou !

2009

C’est à ce moment que le Président du Département m’a proposé un poste d’assistante. Ce poste était l’occasion d’une part, de me tester sur la partie enseignement et de voir si j’accrochais et d’autre part, d’investiguer le monde de la recherche fondamentale. Ça me paraissait donc un bon compromis pour les 6 années à venir.

2016

A la fin de ma thèse, j’avais accroché à la recherche et c’est naturellement que j’ai soumis plusieurs dossiers pour des positions de chercheurs Post-Doc.
J’avais soumis un dossier de chargé de recherche au FNRS et un post doc fellow Von Humboldt pour intégrer un laboratoire allemand. J’avais également participé à la rédaction d’un ARC (Programme Actions de Recherche Concertées) à l’ULiège en collaboration avec le Center for Integrated Technology and Organic Synthesis (Citos) et le laboratoire Nanomaterials, Catalysis, Electrochemistry (NCE).
Nous avons finalement décroché l’ARC et j’ai été engagée sur un contrat Post-Doc d’un an avec possibilité de renouvellement pour 6 mois. Ce qui ne donnait pas une perspective professionnelle à long terme. Après une année épuisante, j’ai eu besoin de souffler. Du jour au lendemain, je suis retrouvée au chômage à chercher du travail.

Après 4 mois de recherche, j’ai décroché un intérim de 4 mois au FNRS dans la cellule évaluation, c’était l’occasion de voir ce qu’il se passait dans les coulisses de la recherche. Le but était de venir en renfort à l’équipe de base de la cellule évaluation pour le traitement des dossiers de recherche allant de l’Aspirant au Directeur de recherche et cette année incluait également l’appel EOS (Excellence of Science). C’était un travail administratif qui me donnait accès à de nombreux projets de recherche dans des domaines très variés.

2017

En parallèle, j’avais continué à postuler sachant mon contrat temporaire et renouvelé semaine après semaine. Après 6 mois, j’ai décroché un 1er entretien dans une entreprise privée du Liège Science Park : AMOS, une PME active dans le spatial (télescopes terrestres astronomiques, instruments d’observation de la terre, OGSE équipement de test d’instrument spatiaux, fabrication de miroirs…). J’ai été engagée en tant qu’ingénieur en développement technologique (équivalent R&D) et j’accomplissais différentes tâches techniques (design optique - assemblage intégration et validation d’instrument) et de gestion de projet.

En même temps que mon travail chez AMOS, j’ai suivi une formation en création d’entreprise avec l’organisme d’accompagnement CréaPME pour passer de l’idée au projet. J’avais envie d’entreprendre et j’avais une idée en tête qui me renvoyait à ma « carrière » dans le milieu académique. J’avais toutefois besoin de peaufiner l’idée, de savoir si elle pouvait être viable financièrement et de savoir comment mettre les choses en place par rapport au statut d’indépendant complémentaire que j’envisageais.

2019

Au mois de mai 2019, l’idée de WEDs (Writing Editing and Designing for Sciences) était née. Je suis passée à 4/5e temps chez AMOS afin de pouvoir me consacrer au développement de WEDs, créer le site Web, les cartes de visite, les flyers, faire les démarches administratives, chercher des prospects…

Officiellement, WEDs a donc été lancé en septembre 2019 une fois le site web en ligne et avec un premier client en Octobre. WEDs est un service d’accompagnement à la rédaction de contenu scientifique que ce soit pour l’élaboration d’une proposition de recherche (afin de décrocher un financement), de publications scientifiques, de support de conférence (poster et ppt), d’articles techniques (plutôt vulgarisés) à destination de site web ou de blog… Le but est vraiment d’être présente pour aider à l’écriture avec la construction d’un raisonnement logique, pour apporter un regard extérieur sur le contenu en le challengeant, pour illustrer le contenu avec des schémas attractifs… et avec ça délester le chercheur de certaines tâches assez chronophages. J’accorde beaucoup d’importance au côté accompagnement, coaching motivation, et fait en sorte d’être un maximum disponible surtout au moment critique des deadlines. Ce service est destiné essentiellement à la communauté universitaire mais s’adresse également aux entreprises privées.

2020

J’ai quitté AMOS récemment après 2,5 années et depuis fin février je travaille pour Leyton en tant que Consultante subsides à l’innovation en plus de mon 1/5e temps pour WEDs.
J’accompagne et conseille les entreprises (micro, petites, moyennes et grandes) des régions wallonne et bruxelloise dans les demandes de subsides régionaux et européens dédiés à la R&D et à l’innovation. Il y a d’abord une phase de conseil permettant de déterminer l’éligibilité des projets R&D et de déterminer quel subside est le plus adapté au besoin. Ensuite vient la phase d’élaboration du projet de recherche en lui-même et en collaboration avec l’entreprise (projet technique, plan financier, étude de marché). Le projet est construit de façon à mettre en évidence les challenges techniques et le côté innovant. Enfin, nous assurons également la phase de reporting qui consiste à rapporter à la région l’état des projets de point de vue technique et financier. 

Ce qui me plait particulièrement dans mes deux activités professionnelles, c’est le côté social au travers de l’accompagnement et du conseil. Je ne travaille pas pour moi uniquement mais je mets mes compétences aux services des autres. J’apprécie également l’occasion qui m’est donnée de garder un œil sur ce qui se fait en recherche scientifique et en terme d’innovation sans avoir à réaliser moi-même le projet technique. J’apprends donc tous les jours un petit quelque chose !

Quels ont été les apports de votre formation dans votre vie professionnelle ?

En plus des connaissances scientifiques, je dirais que les apports se trouvent du côté des compétences/qualités transversales.

  • La présentation de contenu scientifique que ce soit par écrit ou à l’oral de façon structurée.
  • La curiosité, cette envie de toujours en savoir plus, de creuser, d’expérimenter.
  • La rigueur et la précision
  • La persévérance pour aller au fond des choses et obtenir un résultat satisfaisant
  • L’adaptation et la flexibilité. Nous avons les ressources nécessaires pour apprivoiser et s’adapter à de nouveaux domaines scientifiques et techniques.

Que vous a apporté votre formation sur le plan personnel ?

Une super amie ! Rencontrée dès le 1er bac, un parcours académique similaire au mien faisant que pendant les études comme pendant la thèse on se soutenait l’une l’autre. Et c’est toujours le cas dans nos vies professionnelles et personnelles respectives.

J’ai également découvert de quoi j’étais capable surtout pendant les périodes de blocus. L’été dernier, je me suis débarrassée de mes cours universitaires, non sans peine, mais avec le recul, j’ai vraiment été impressionnée par la quantité de matière que j’avais pu ingurgiter !

Souhaitez-vous partager une anecdote, un évènement particulièrement valorisant de votre carrière ?

La défense de thèse était particulièrement valorisante. L’accomplissement d’un long projet mais également l’occasion de le partager avec mes proches pendant l’exposé oral, eux qui se demandent souvent ce qu’on fait dans notre laboratoire, qu’est-ce qu’on peut bien chercher ! J’ai un très bon souvenir de ma défense, je me suis « éclatée ». Les répétitions avaient été très laborieuses, jusqu’à effrayer mon promoteur et le jour J, il y a eu comme un déclic du genre The floor is yours. J’ai alors saisi l’occasion de faire de ce moment : MON moment et les retoursn'ont été que positifs !

Aux (futurs) étudiants en Sciences

Ne vous engagez pas dans ce cursus simplement parce que vous êtes bons en sciences mais plutôt parce que vous êtes curieux et souhaitez expérimenter les choses pour mieux les comprendre.

Marjorie Lismont

Publié par Sylvie Marchal, le 21 avril 2020 
modifié le 12/10/2023

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