Rencontre avec une Alumni | Séverine Demerre


Rencontre avec Séverine DEMERRE, Master en Sciences et Gestion de l'Environnement à finalité spécialisée en pays en développement (2017). Dynamique et curieuse de nature, elle travaille actuellement en tant que chargée de projets Forêts, Agriculture et Environnement pour l'Agence Française de Développement à Brazzaville (République du Congo).

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Formation

Enfant, je disais souvent que je voulais apporter l’eau là où elle était absente. Ce rêve a mûri et mes besoins d’aventures, sans peur de l’inconnu, se sont confirmés.

En 2011, je mets le point final à mes études secondaires préparant aux métiers techniques de l’environnement, par un stage de fin d’études. Mon destin me fait rencontrer le Professeur Bernard Tychon, Directeur du laboratoire de recherche « Environnement eau et développement » ainsi qu’encadrant de la filière « Sciences et Gestion de l’environnement dans les pays en Développement » à l’Université de Liège (Campus Arlon). Le Professeur Tychon me confie aux bons soins de son équipe de recherche sur la protection des végétaux, que j’accompagne sur le terrain pendant un mois. Tout en pratiquant avec les chercheurs, j’ai rapidement gagné la confiance du Professeur Tychon malgré mon jeune âge (17 ans). Sans le savoir, la réalisation de mon rêve d’enfance venait de prendre racine.

Trois ans plus tard, je me suis rappelée à son bon souvenir lors de mes recherches de stage de fin d’études de bachelier en Agronomie Tropicale (Haute École Condorcet – Ath). Directement, j’ai été mise en contact avec le Docteur Joost Wellens, spécialiste des questions relatives à la Gestion intégrée des Ressources en Eau (GIRE) actif au Burkina Faso à ce moment. De pair, nous avons travaillé sur la réalisation du bilan hydrique d’un périmètre irrigué (700ha) au sud du Burkina Faso (Banfora). Stupéfaite de la confiance qui m’était accordée au travers des responsabilités confiées et riche d’une expérience inoubliable sur le plan professionnel et humain, j’ai acquis depuis ce jour la certitude de vouloir m’engager dans une carrière de terrain.

Au cours de la dernière année de mon bachelier, je me préparais déjà à intégrer le Master en Sciences et Gestion de l’Environnement qui selon moi était la suite logique de mon parcours académique. Quelques mois plus tard, me voilà donc assise dans l’auditoire du cours présidé par le Professeur Tychon… C’était le coup de pouce décisif à mon futur parcours professionnel.

Point fort de votre Formation

La mise à disposition d’un réseau d’acteurs qualifiés et expérimentés.

Séverine DEMERRE
 

Pourquoi avez-vous choisi d'étudier cette matière à la Faculté des Sciences de l’Université de Liège ?  Pourquoi avez-vous décidé de suivre ce master ?

L’accueil, la confiance autant que la valeur ajoutée que j’avais eu avec les professeurs, assistants et doctorants opérant autour du Master en Sciences et Gestion de l’Environnement ont déterminé mes choix académiques. La conquête du Master était devenue l’ambition d’une vie professionnelle perçue depuis longtemps.

Mes acquis professionnels

Par le biais de stages, de séjours à l’étranger, de voyages d’études et d’échanges universitaires, je me suis nourrie d’opportunités de développer des expériences de terrain et un réseau de contacts qui m’ont par la suite aidée dans mes orientations de carrière.

Ayant travaillé sur les problématiques de gestion de l’eau en milieu aride au Maroc, j’avais eu l’occasion de confirmer ma passion pour les thématiques agricoles dans les zones à faibles potentiels de ressources (eau, sol, phytotechnie). Deux semaines après avoir obtenu mon diplôme à l’ULiège, j’ai sauté dans un avion pour Le Caire (Egypte) où j’ai suivi un programme linguistique intensif d’une année en arabe et en anglais à l’Université américaine du Caire. Ce séjour a aussi été l’occasion d’enrichir mon enseignement à travers l’étude des pratiques développées par les Égyptiens depuis la nuit des temps pour la gestion et la maitrise de l’or bleu qui sillonne les vallées fertiles du Nil jusqu’à ce jour.

Ces recherches m’ont conduite, l’année suivante, à réaliser une mission en Mauritanie, financée par l’Agence Française de Développement (AFD), vouée à explorer et soutenir des pratiques agricoles durables dans les oasis du grand Sahara. J’y ai développé des compétences en concertations multilatérales (sphère privée, institutions publiques et société civile) pour la gestion des ressources naturelles, des qualités en vulgarisation de nouvelles pratiques et de l’expertise dans la gestion de projet (planification budgétaire, suivi des activités et indicateurs de performance, reporting).

 

Pour quel organisme travaillez-vous actuellement ?

Aujourd’hui, j’ai intégré l’Agence Française de Développement en tant que chargée de projets Forêts, Agriculture et Environnement à Brazzaville (République du Congo). J'assure l'identification, l'instruction et le suivi exécutif tout au long du cycle de projet. C'est-à-dire que j'accompagne les institutions publiques dans l'identification de besoins prioritaires qui seront ensuite défendues auprès de nos instances ou d'autres bailleurs de fonds (Union Européenne, Nations Unies, Banque Mondiale, fonds fiduciaires).

Lorsque l'ébauche est validée et le financement accordé, je conseille les institutions dans la pratique du mode opératoire (activités, indicateurs, partenaires). Ultérieurement, par le biais d'évaluations et de suivis continus, je m'assure de la bonne mise en œuvre des activités opérationnelles (échéances, production de documents stratégiques, concertation avec les parties prenantes). Finalement, la clôture des projets fait l'objet d'audit par nos équipes.

 

Quels ont été les apports de votre formation dans votre vie professionnelle et sur le plan personnel ?

Principalement, la chance d’avoir l’occasion d’effectuer :

  • Un voyage d’études en Chine (2013) orienté vers l’évolution des pratiques agricoles et l’autonomisation de la population rurale chinoise en termes de sécurité alimentaire;
  • Un stage au Burkina Faso (2014) visant à établir un état des lieux des pratiques hydro-agricoles dans un environnement conflictuel autour des multi-usages de l’eau;
  • Une Co-diplomation à l’Université de Sherbrooke au Canada (2015), au travers d’un Master en Gestion de projet en Environnement et Développement durable;
  • Un stage au Cambodge (2015), sur la gestion des risques, au travers d’une recherche axée sur la cartographie des plaines inondables du Mékong et les impacts des changements pluviométriques sur les populations riveraines ;
  • Un stage de fin d’études au Maroc (2017) sur la prévision et la modalisation des rendements en céréales, dans un contexte de changement climatique en zones arides et semi-arides.

Au travers de ces nombreuses expériences internationales, j’ai dû asseoir une capacité d’adaptation à toute situation. J’ai continué à développer un sens de la curiosité humaine et scientifique, atouts indispensables pour évoluer de manière indépendante dans des zones inconnues et parfois reculées. J’ai également pu y développer des qualités indispensables en gestion de projet et d’équipe.

 

Souhaitez-vous partager une anecdote, un évènement particulièrement valorisant de votre carrière ?

Lors de mon arrivée en Mauritanie, le barrage de Séguélil venait d’être inauguré. Cette construction est censée récupérer les eaux du bassin versant pour approvisionner en eau la ville voisine d’Atar. A cette époque, aucune goutte d’eau n’était tombée depuis presque une année. En Mauritanie, les disparités climatiques et la raréfaction des ressources hydriques conduisent au désintérêt des populations pour les activités agricoles se traduisant par une accentuation de l’exode vers les centres urbains.

Lors d’une visite de terrain dans la zone, accompagnée d’Ahmed Jiyid, un vieux sage impliqué au sein de sa communauté sur la protection des ressources en eau, la pluie s’est soudain mise à tomber à flots. En tout, 50mm (50 litres/m²) d’eau se sont déversés en l’espace de 24h, fait rare voire exceptionnel en plein milieu du désert. Nous sommes retournés le lendemain pour constater le taux de remplissage du barrage. Mon interlocuteur s’est mis à pleurer à la vue de cette étendue d’eau qui s’étalait devant nous à perte de vue. Il m’a dit : « Séverine, cette nuit est né un miracle sans précédent pour toute notre communauté. » Je n’ose croire encore aujourd’hui en la réalisation de mon rêve d’enfant à travers « ce miracle ».

 

Quels sont vos projets pour le futur ?

Je désire poursuivre mon engagement sur le terrain pour le développement d’activités de subsistances en cohérence avec les réalités environnementales, sociales et économiques d’aujourd’hui. Convaincue des avantages à tirer des progrès techniques et technologiques en termes d’aide à la décision pour les acteurs scientifiques et institutionnels, je souhaiterais persévérer dans des projets de coopération multilatérale pour la concrétisation d’enjeux tant ambitieux que cruciaux  (Accord de Paris, Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, Convention de lutte contre la désertification, Objectif du développement durable).

 

Aux (futurs) étudiants en Sciences

Le Master n’est pas uniquement un programme de cours, c’est une expérience humaine qui s’ouvre à vous et au bout duquel vous devrez vous sentir confiant pour intégrer le marché de l’emploi. Profitez de toutes les occasions pour rencontrer des intervenants, traduire vos connaissances en expériences de terrain, participer à des rencontres, défendre vos opinions et surtout nourrir votre curiosité !

Séverine DEMERRE

Publié par Anthony Dupuis, le 13 janvier 2021
modifié le 12/10/2023

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