André Luxen (Département de Chimie, UR Giga-CRS, Cyclotron) a été admis à la retraite le 30 septembre 2020.

Luxen Andre

Témoignage

La première personne que Pierre Maquet m’a présentée en 2002 au Centre de Recherches du Cyclotron était un certain André Luxen, personnage très sympa et décontracté. J’étais loin d’imaginer que je parlais au directeur du centre. La simplicité de cette première rencontre est restée au cœur de toutes nos interactions depuis. André ne tourne pas autour du pot, ne fait pas fioriture. C’est comme ça dans ses interactions avec ses étudiants et collègues. Cela ne veut pourtant pas dire qu’il toujours gentil. C’est un dur à cuire André, un dur négociateur qui sait se faire entendre. C’est en bonne partie grâce à lui que le CRC est devenu ce qu’il est. Si le centre a pu obtenir autant d’équipements de pointe, c’est parce qu’il sait argumenter et se mouiller, parce qu’il a toujours osé envoyer des demandes de fonds aux plus grands organismes. Combien de financement européen a-t-il obtenu ? Beaucoup ! Ça a été la locomotive du CRC pendant des années. Il a tiré et poussé tout le monde vers le haut.

Il était à Los Angeles lors de la mise au point des premières technologies des PET scan, il est devenu un chimiste très reconnu qui connaît tous les plus grands chercheurs en radiochimie et en neuroimagerie. Reconnu aussi parmi les décideurs : membre des commissions FRIA et FNRS, membre de nombreux comités d’expert internationaux. Professeur invité dans de grandes universités. Artisan de la politique scientifique non seulement du gouvernement wallon, mais surtout de la Commission européenne.

L’université de Liège perd un grand homme (pourtant il n’est pas très grand ;) ) et un grand chercheur. Il nous laisse un peu orphelins au CRC… On lui souhaite le meilleur dans sa nouvelle vie !

Gilles VANDEWALLE

témoignage

Alors qu’André Luxen quitte ses fonctions de directeur du Centre de Recherche du Cyclotron depuis plus de 25 ans, je reconnais très volontiers que c'est un privilège et un honneur pour moi d'avoir la possibilité de lui adresser ces quelques mots de remerciement.

Le travail qu’il a réalisé ici est sans aucun doute très important et n’a d’égal que la qualité de son parcours professionnel. Je le remercie d'avoir donné l'occasion à des générations de chercheurs, dont je fais partie, de poursuivre leur carrière dans un environnement exceptionnel de recherche aussi riche, stimulant et interdisciplinaire.

Je tiens également à le remercier pour son soutien, sa disponibilité et ses conseils tout au long de ces dernières années. Je garderai un excellent souvenir de son leadership au CRC. C'est donc avec beaucoup d'humilité et de reconnaissance que je lui adresse mes très sincères remerciements pour sa contribution à la recherche en radiochimie et en neuroimagerie.

Je lui souhaite tous mes meilleurs vœux pour une retraite bien méritée.

Sylvestre DAMMICCO
Témoignage

Bologne 1987, congrès sur le métabolisme et le débit sanguin cérébral, je suis un neurologue en formation et je suis stressé parce que j’ai un poster à présenter. Je rencontre un bonhomme rondouillard, un chimiste qui m’a l’air fameusement balaise en tomographie par émission de positons. Il a travaillé chez Phelps ! Pas de chance, il est revenu en Belgique, mais à Erasme.

Un peu plus tard, je suis neurologue. Au CRC, on réalise à tours de bras des études d’ « activation » avec de l’eau marquée à l’oxygène-15. Le vieux cyclotron est capricieux et les équipes techniques pas toujours très motivées. Dominique Comar est reparti en France et que vois-je arriver ? le capitaine Haddock que j’avais entrevu à Bologne. Toujours aussi rondouillard, toujours aussi clairvoyant. Mais notre capitaine possède aussi une vision, une volonté d’acier, de l’entregent, des capacités managériales hors normes et des connaissances avancées de domaines insoupçonnés (notamment dans le bâtiment !). En revanche, il ne met pas de gants, ce qui, finalement, tourne plus souvent à son avantage que ce que je ne l’aurai cru.

Fini le travail d’amateur, le laboratoire de radiochimie se transforme en un vrai producteur pharmaceutique. On remplace le PET scanner. Entretemps, on a acquis une IRM 100% recherche (la première de Belgique), et on a choisi une 3 Tesla ! Un choix téméraire que nous ne regretterons pas. On apprend sur le tas à quoi ressemble une cage de Faraday, on se tracasse pour le passage des bus près de notre IRM. Les Allemands de Siemens arrivent avec la machine, toute belle toute propre. Ils ont tout prévu au millimètre, sauf le passage dans la porte, à l’arrière du bâtiment. Qu’à cela ne tienne, notre capitaine fait élargir la porte à la masse. Les équipes s’agrandissent, les horizons s’élargissent, les doctorants vont et viennent, les post-doctorants reviennent dire bonjour. On inaugure une unité d’isolement pour les études de chronobiologie, après des mois de combat avec l’ARI. Tout va bien ? Non, il faut voir plus loin, plus large. Le capitaine continue de publier en radio-chimie. Il est demandé partout pour des thèses, des conseils scientifiques. Puis c’est l’Europe qui nous l’emprunte. Il nous parle de projets pharaoniques de mesures du CO2 sur tout le territoire, d’un télescope gravitationnel qui viendrait à Liège. Et dans le même souffle, il nous apprend que nous recevrons une IRM 7 Tesla…

Quelle belle et longue tranche de vie nous te devons, Capitaine !
Puissent les vents te pousser vers des univers aussi florissants mais, espérons-le, plus calmes et verdoyants !

Pierre MAQUET, Professeur à la Faculté de Médecine

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