Rencontre avec Sophie Hage, Master en Sciences géographiques (2014) et Docteure en Sédimentologie marine à l’Université de Southampton (2019). Riche de ses nombreuses expériences internationales, Sophie Hage est Chercheuse post-doc en Géosciences à l'Université de Calgary (Canada) et prochainement à Brest (France).

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Pouvez-vous nous résumer votre parcours ?

Mon attrait pour les voyages et les sciences m’a orientée vers un cursus en sciences géographiques, que je voyais comme la discipline scientifique la plus ouverte vers le monde. Ma vision s’est confirmée pendant mes 5 années d’études à l’ULiège durant lesquelles j’ai parcouru la Belgique, la Baie de Somme, l’Eiffel, les Vosges et les Dolomites afin de réfléchir sur des sujets allant de l’aménagement urbain jusqu’à la dynamique des cours d’eau au passé glaciaire. J’ai obtenu mon diplôme de master en sciences géographiques, finalité géomorphologie en Juin 2014.

Choix de la formation

Mon attrait pour les voyages et les sciences m’a orientée vers un cursus en sciences géographiques, que je voyais comme la discipline scientifique la plus ouverte vers le monde.

Sophie Hage
 Mon mémoire de master a porté sur les processus de mise en place de dépôts sédimentaires liés à des tremblements de terre dans le Lac Hazar (Turquie ; Hage et al., 2017, Hubert-Ferrari et al., 2020). Ce mémoire basé sur des carottes sédimentaires et cartes de fond lacustres fut une révélation pour moi. Je trouvais fascinant ce que pouvaient raconter des sédiments vieux de plusieurs milliers d’années sur le passé terrestre.

À la suite de ce mémoire, j’ai été embauchée comme doctorante au National Oceanography Centre Southampton (NOCS) en Angleterre en Juin 2015. Ma recherche de thèse a porté sur la géologie et le transport sédimentaire des fonds marins de deux fjords situés en Colombie Britannique, au Canada (Hage et al., 2018, 2019, 2020). J’ai été diplômée Docteure en Sédimentologie marine à l’Université de Southampton en Décembre 2019.

Suite a ma thèse en Angleterre, j’ai continué sur le chemin de la recherche académique en tant que chercheuse post-doc dans le département des Géosciences de l’Université de Calgary (Canada) depuis Janvier 2020. En plus de continuer mes recherches sur les fjords canadiens, j’ai aussi la chance d’étudier des sédiments beaucoup plus anciens (75 millions d’années) en Patagonie chilienne au sein du groupe de recherche « Chile Slope System ».

Mon contrat à Calgary se terminant en Septembre 2021, je commencerai un nouveau contrat en tant que chercheuse post-doc à Brest (France) grâce à une bourse de financement que j’ai obtenue de l’IFREMER (Institut Français de la Mer). Cette bourse me permettra d’étudier le transport du carbone organique dans le canyon sous-marin du Congo (Afrique).

En quelques mots, en quoi consiste votre recherche ?

Ma recherche porte sur les fonds marins et plus particulièrement sur les canyons sous-marins, qui sont formés par des avalanches de sédiments appelées « courants de turbidité ». Les courants de turbidité sont importants à comprendre pour de multiples raisons. Ils peuvent notamment représenter une menace pour les infrastructures installées sur les fonds marins (ex. câbles de télécommunication). Ensuite, ils sont capables de transporter d’énormes volumes de particules produites sur terre (carbone organique et polluants plastiques) vers l’océan.

Afin d’investiguer les canyons sous-marins et les courants de turbidité, j’utilise des données collectées par des instruments que l’on suspend à des bateaux de recherche. En particulier j’utilise des mesureurs de vitesse de courant ainsi que des échosondeurs pour réaliser des cartes de fond marin. Je travaille aussi en laboratoire de géochimie pour étudier la composition des sédiments inclus dans des carottes sédimentaires collectées dans les fonds marins.

Décrivez-nous une de vos journées types habituelles.

Je dirais que je n’ai pas de journée type, chaque jour est différent pour moi… et j’aime ça! Dans mon bureau, j’analyse des données sur Matlab et ArcGis, je lis des articles, j’écris et je réalise des figures d’illustration de données. Sur le bateau de recherche, je surveille des écrans d’acquisition de données, je collecte et décris des carottes de sédiments, je contemple les étoiles et la faune marine depuis le pont supérieur. Dans le laboratoire, ma patience est mise à l’épreuve lors des manipulations de composés chimiques. Lors de conférences, je présente ma recherche et discute avec des chercheurs qui travaillent sur des sujets voisins.

Quels sont vos projets pour le futur ?

Je souhaite continuer dans la recherche en sédimentologie et géochimie. Cependant, je me rends compte que la recherche académique est un chemin très incertain, avec peu d’offres d’emploi à durée indéterminée. Les contrats postdoctoraux sur lesquels je travaille et vers lesquels je me dirige sont d’une durée de maximum 2 ans. Une perspective d’emploi à plus long terme dans le milieu universitaire passe par des concours hautement compétitifs (« Maitre de conférence » en France, « Assistant Professor » au Canada). J’espère que mes nombreuses expériences à travers le monde me permettront d’être compétitive pour ce type de poste alliant recherche et enseignement.

Quels sont les points forts de votre formation à l’ULiège ?

Ma formation en sciences géographiques à l’ULiège m’a permis d’acquérir une série de compétences variées et utiles. D’abord l’apprentissage théorique et pratique de logiciels de cartographie tels que ArcGIS est un énorme atout. Ensuite, ma formation en géographie m’a permis d’apprendre à rédiger et présenter des petits projets sur toutes sortes de thématiques (ex. analyse des inégalités spatiales en Suède, reconstruction du passé glaciaire des Vosges, organisation territoriale du quartier Saint-Léonard de Liège). Tous ces projets ont toujours requis une acquisition de données brutes sur le terrain, que j’ai ensuite dû analyser, avant d’en réaliser des cartes et schémas à décrire sous forme de texte. Enfin, mon mémoire de master a été une excellente préparation à la recherche scientifique, encadrée par des promoteurs motivants (Professeurs Aurélia Hubert-Ferrari et Fréderic Boulvain). J’ai eu la chance de collaborer avec des chercheurs de l’Université de Gand, ce qui fut un premier pas dans les échanges scientifiques.

Quels conseils donneriez-vous à un étudiant désireux de faire carrière à l'étranger ?

Passion, volonté et ouverture d’esprit : de bons ingrédients pour se lancer dans un job à l’étranger. Passion pour son travail. Volonté d’apprendre et de découvrir de nouvelles façons de faire. Ouverture d’esprit sur une culture différente de ses origines. Enfin, l’apprentissage de l’anglais est primordial pour entamer une carrière dans la science et à l’étranger.

Aux étudiant·e·s qui souhaitent travailler à l'étranger

Passion, volonté et ouverture d’esprit : de bons ingrédients pour se lancer dans un job à l’étranger.

Sophie Hage
 

 

Nous remercions l'ALGULg (Association des Alumni en Géographie de l'Université de Liège) qui nous a permis de repartir d'une interview parue dans son bulletin en 2019 et Sophie Hage qui l'a aimablement actualisé !

Publié par Sylvie Marchal, le 7 mai 2021

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