Rencontre avec Joseph Lombardo, Master en Sciences physiques, à finalité approfondie (2015) et Docteur en sciences (2019). Il travaille actuellement en tant qu' ingénieur opticien chez AMOS S.A.

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Formation

Pourquoi avez-vous choisi d'étudier cette matière à la Faculté des Sciences de l’Université de Liège ?  Pourquoi avez-vous décidé de suivre ce master ?

Comme pour beaucoup, mon choix de faire des études scientifiques s’est fait très tôt, dès mon plus jeune âge. J’avais une insatiable curiosité pour explorer la nature, tenter des expériences, et comprendre les phénomènes naturels. Cette envie de comprendre en profondeur le monde qui nous entoure fut pour moi l’instigateur de la décision d’entamer des études en physique. Ce fut donc naturellement qu’après mes études secondaires, je me suis inscrit au Bachelier en Sciences Physiques de la Faculté des Sciences,  sachant que cette dernière proposait un large panel de cours répartis entre deux départements, le Département de Physique et le Département d’Astrophysique, Géophysique et Océanographie.

J’ai suivi le cursus en physique dans son entièreté, c’est-à-dire du bachelier jusqu’au doctorat, entre 2010 et 2019. Plus précisément, les 3 années de bachelier en physique ouvrent la porte à de nombreux masters, non seulement en physique ou astrophysique à finalité approfondie, mais aussi en radiophysique médicale, ingénierie, ou encore en didactique. Pour ma part, face à ce grand nombre de possibilités, le choix du master en lui-même ne fut pas une chose aisée, mais je me suis au final décidé à poursuivre mes études en master physique à finalité approfondie pour pousser plus loin ma connaissance de la physique fondamentale ainsi que pour découvrir d’autres domaines auxquels j’étais alors peu familier.

C’est à ce moment-là que je me suis intéressé aux domaines de la supraconductivité et de la physique des matériaux. Fasciné par la multitude de phénomènes et les grands potentiels technologiques dont ces domaines regorgent, j’ai voulu entamer une thèse de doctorat liée à ces branches en 2015. Et c’est là que la grande diversité de champs d’études disponibles au sein du Département de Physique s’est révélée encore une fois essentielle, car un laboratoire de recherche dans le domaine des supraconducteurs nanoscopiques s’était justement ouvert quelques années plus tôt. C’est donc après avoir obtenu une bourse FRIA délivrée par le FRS-FNRS que j’ai pu démarrer ma thèse en physique expérimentale des supraconducteurs nanostructurés, que j’ai donc achevée en 2019.

Profession

Quelles ont été les différentes étapes de votre carrière ?

Pour quel organisme travaillez-vous ?

Que faites-vous précisément ?

Une fois mon diplôme de doctorat obtenu, j’ai voulu passer de l’étude du monde nanoscopique à l’étude de l’infiniment grand, et j’ai donc orienté mes recherches d’emploi vers le domaine spatial. Bien que les conditions d’embauche à ce moment-là étaient devenues très difficiles et les possibilités de voyager étaient très restreintes (nous sommes fin 2019-début 2020), je me suis vu offrir un poste d’ingénieur opticien au sein de l’entreprise AMOS S.A., reconnue en région liégeoise ainsi qu’à l’international pour son savoir-faire et son expertise dans la conception et la fabrication de systèmes optiques et mécaniques de haute précision dédiés à la recherche spatiale. AMOS construit notamment de grands télescopes ainsi que des instruments spatiaux embarqués sur satellite.  

Mon travail se divise en deux parties. Tout d’abord, il consiste à concevoir et modéliser des systèmes optiques ainsi qu’à analyser leur performance. Cette partie implique donc de faire essentiellement de la modélisation numérique afin de préparer un système qui satisfait à la demande du client. Une fois cette partie achevée, ces systèmes doivent ensuite être construits, assemblés, et vérifiés, ce qui implique de travailler alors en laboratoire, de monter les systèmes optiques sur banc de test en salle blanche et de vérifier leurs performances. Lorsqu’on construit un grand télescope, les tests se font alors la nuit à ciel ouvert en observant les étoiles. C’est donc un travail passionnant, au plus proche de la physique et de l’astrophysique. De ce fait, travailler pour AMOS me permet, d’une certaine manière, de prendre part à la recherche spatiale en développant les outils qui permettent de contribuer à ce domaine, tout en satisfaisant ma passion pour la physique et l’ingénierie.

 

Quels ont été les apports de votre formation dans votre vie professionnelle ?

Dans un premier temps, il est évident que la formation de physicien m’a permis d’acquérir toutes les bases techniques nécessaires pour travailler dans le domaine de l’ingénierie optique et spatiale. Mais il est tout aussi évident que cette seule formation n’est pas toujours suffisante pour maitriser des concepts particuliers en profondeur, surtout quand on choisit de suivre une formation embrassant une large gamme de domaines. Comme pour beaucoup d’autres formations, il sera toujours nécessaire de se perfectionner et d’acquérir de l’expérience « de terrain », en suivant d’autre cursus, ou en se formant continuellement durant les activés professionnelles.

C’est en ce sens que la formation doctorale apporte un plus : elle permet non seulement de se spécialiser dans un domaine précis, mais elle permet aussi de faire face à bon nombre d’aspects liés à la gestion d’un projet sur le long terme, la planification du temps et des ressources, la publication et la présentation de données scientifiques, ou encore la gestion de laboratoire. Dans mon cas, le doctorat m’a permis d’apprendre les bons gestes et des méthodes de travail utiles dans l’environnement du labo. Il m'a aussi permis d’utiliser des équipements hautement sophistiqués qu’il m’a fallu apprendre à maitriser, souvent dans des conditions de salle blanche, pour analyser des échantillons nanoscopiques avec minutie. C’est une première expérience concrète dans la recherche scientifique, en dehors des livres et de la théorie, qui permet non seulement d’apprendre en continu et de se perfectionner, mais qui permet aussi de vivre pleinement la « passion scientifique » et d’apporter sa première pierre à l’édifice.

 

Que vous a apporté votre formation sur le plan personnel ?

Sur le plan personnel, mes études en physiques m’ont permis d’assouvir ma curiosité, mais aussi de la faire grandir et d’avoir un autre regard sur le monde et la nature. J’ai aussi eu la chance d’étudier et de travailler avec des camarades de labo extraordinaires, qui souvent partagent les mêmes contraintes que nous et avec qui nous parvenons à soulever les défis dans nos domaines de recherche respectifs. L’entraide et la collaboration entre chercheurs est un aspect essentiel et précieux de la recherche scientifique. De plus, la formation doctorale offre souvent l’opportunité de voyager, et par conséquent de travailler avec d’autres collègues extérieurs à l’ULiège, ce qui permet de faire de nombreuses rencontres avec des personnes venant de beaucoup d’horizons et de cultures différentes, et de se créer un premier réseau. Humainement, les rencontres et le partage de savoir et de culture est peut-être la plus belle chose que le doctorat puisse apporter.

 

Souhaitez-vous partager une anecdote qui vous a particulièrement marqué au cours de votre carrière ?

Quand j’ai commencé mon doctorat, le laboratoire qui m’a accueilli était encore jeune, et nous n’avions pas beaucoup d’équipement au départ. Or, pour fabriquer des supraconducteurs nanostructurés, les équipements nécessaires sont très sophistiqués. Mais mes collègues et moi-même avons alors pu bénéficier d'un apport important de nos superviseurs, qui ont pu mettre tout en œuvre pour nous fournir du matériel de pointe pour que nous puissions faire nos recherches, et cela avec le grand soutien de la Faculté des Sciences. Mon superviseur en particulier m’a notamment donné l’opportunité de mettre en place et de prendre la main sur un instrument très sensible et sur lequel j’ai dû passer beaucoup d’heures d’apprentissage et encore beaucoup d’autres à faire de très nombreux essais avant de maitriser. C’était une expérience nouvelle pour moi. Et au fil des années, nous avions acquis de plus en plus de matériel de nanofabricatrion au sein du Département de Physique, au point ou, avec mes collègues doctorants nous avons pu mettre en place notre propre laboratoire de nanofabrication avec nos propres procédés de fabrication. C’était une expérience très valorisante pour nous et qui montre l’importance du soutien des superviseurs et de leur Faculté.

 

Quels sont vos projets pour le futur ?

Tout simplement continuer à faire de la science le plus possible. Il reste encore trop de domaine à explorer pour s’arrêter !

 

Aux (futurs) étudiants en Sciences

La recherche scientifique nécessite parfois beaucoup d’engagement de la part des étudiants, mais je pense que la Faculté des Sciences de L' ULiège offre de nombreuses opportunités, que ce soit en termes de qualité d’enseignement et de soutien aux chercheurs. Avec les moyens mis en place par la Faculté et l’Université, je ne peux que conseiller aux futurs étudiants et chercheurs de voir grand et de persévérer dans leur carrière.

Joseph Lombardo

Publié par Anthony Dupuis, le 10 décembre 2021

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