Rencontre avec une Alumni | Catherine Jarbinet
Rencontre avec Catherine Jarbinet, licenciée en Sciences géologiques (2006). Sommelière, caviste et formatrice à La Fée Pompette, sa carrière semble, à priori, fort éloignée de sa filière d'étude. Entre passion et formation, les convergences peuvent parfois être surprenantes. La Haute Ecole de la Province de Liège en Agronomie a ouvert une section viticole et vinification. Catherine Jarbinet y enseigne notamment un cours sur les Facteurs géologiques pour l’implantation d’un vignoble.
Formation
Pouvez-vous résumer votre parcours ?
Après une année aux États-Unis, j’ai fait le choix d’étudier la géologie à l’ULiège. J’avais suivi une option spécifique à la géographie lors de mes humanités. Mais au-delà de la formation universitaire, c’est le contact étroit avec la nature et les voyages qui m’a convaincu de choisir la géologie.
Quels sont les points forts de votre formation à l’ULiège ?
Je dirais l’accessibilité dans tous le sens du terme. Étant liégeoise je n’avais pas forcément envie de m’expatrier dans une autre ville surtout que la réputation du master en géologie de l’unif était bonne. Le fait d’être dans une filière avec relativement peu d’étudiants nous permet d’avoir rapidement des échanges privilégiés avec nos professeurs. Nous étions peu d’étudiants mais plutôt soudés et pas de compétition car il y a beaucoup de domaines différents. Il y a de la place pour tout le monde.
Notre formation est aussi très pluridisciplinaire. Nous avons cours de math avec les mathématiciens, de physique avec les physiciens, de chimie avec les chimistes mais aussi énormément de pratique sur le terrain en Belgique ou en France. Cela apporte au cursus un effet « mosaïque » qui m’a beaucoup plu.
Profession
Quelles ont été les différentes étapes de votre carrière ?
Je n’aurais pas voulu faire autre chose comme formation universitaire et pourtant je n’ai jamais travaillé comme géologue. Je pense que je n’ai pas trouvé à la fin de mes études une voie, un sujet qui m’inspirait réellement. J’ai donc choisi de reprendre des études pour accéder au diplôme de restaurateur. J’étais à l’époque beaucoup plus inspirée par mon job d’extra comme étudiante que par la géologie.
Le contact avec les clients, partager avec eux des moments autour d’une bonne table ça me faisait rêver. J’ai donc travaillé dans la restauration. D’abord en salle comme chef de rang, puis maître d’hôtel et enfin comme sommelière pendant presque 15 ans. J’ai fait de très belles maisons gastronomiques, étoilées ou palace.
Il y a presque 6 ans maintenant que je suis devenue indépendante. Avec La Fée Pompette, j’entreprends dans mon domaine de prédilection, le vin.
Je donne des cours d’œnologie, je suis caviste et j’organise des évènements. Je forme au vin et à sa dégustation énormément de profils différents, particuliers et professionnels.
Depuis peu, un nouveau profil s’est ajouté. La filière viticole se professionnalise en Belgique et la Haute École de la Province de Liège en Agronomie a ouvert une section viticole et vinification où on m’a demandé de donner un cours sur les Facteurs géologiques pour l’implantation d’un vignoble. Je donne ce cours en binôme avec un climatologue ce qui permet d’avoir des regards croisés sur une même problématique ce qui est très intéressant. Cette année j’y donnerai également un cours sur le Commerce et marketing du vin.
Apport de votre formation
Quels ont été les apports de votre formation dans votre vie professionnelle ?
Au fil de ma carrière, dès que je disais que j’étais géologue de formation, mes interlocuteurs y voyaient directement un lien entre vin et terroir et, par extension, la géologie. J’ai toujours répondu que c’était ma formation scientifique qui m’a permis d’aborder le monde du vin comme je l’ai fait. J’ai créé une nouvelle mosaïque du vin. Les vins changent et sont en lien direct avec les changements climatiques mondiaux. J’apporte à mes formations, un regard neuf dans la structure de mes cours mais aussi avec des contenus toujours vérifiés, actualisés et utiles aux apprenants. Je partage ma passion, mes connaissances et l’intérêt de développer une approche pluridisciplinaire. Quand j’ai commencé ma carrière, je n’imaginais pas que la nouvelle production de vin belge allait me permettre de revenir à la géologie. Je ressens depuis l’envie de créer du lien entre le monde organique du vin et de son origine minérale et d’ajouter encore de nouveaux éléments à cette mosaïque.
Une formation universitaire ne forme pas à un métier mais à une mécanique de savoirs. C’est à chacun de créer sa propre voie en fonction de ses expériences et de ses aspirations et celles-ci changent tout au long de la vie. Rien n’est figé, rien n’est impossible.
