Proclamation 2023
Les photos de la cérémonie de Proclamation des Résultats des Masters, Masters de Spécialisation et AESS 2023 sont en ligne !
Rencontre avec Nicolas Magain, Docteur en sciences (Biologie des organismes et écologie). Polyvalent, il travaille actuellement en tant que Chargé de cours à la Faculté des Sciences. Un poste qui lui permet de s'épanouir tant dans l'Enseignement que dans la Recherche.
Je suis un produit local : j’ai grandi dans le Pays de Herve. J’ai fait mes études secondaires à Verviers. Ensuite, j’ai fait mes études universitaires à l’Université de Liège. J’ai commencé mes études au tout début du système bachelier/master qui venait de remplacer les candi/licences , et j’ai donc commencé un bachelier en sciences biologiques en septembre 2005, terminé en juin 2008. J’ai réussi chaque année avec distinction. Ensuite, j’ai commencé le master en biologie des organismes et écologie en septembre 2008, et l’ai défendu en septembre 2010. J’ai obtenu une distinction la première année, et la plus grande distinction l’année suivante. Il n’est donc pas nécessaire d’obtenir la plus grande distinction chaque année pour faire une carrière académique.
Le choix de mes études supérieures n’a pas été facile. En effet, j’étais un bon élève pendant mes études primaires et secondaires, mais j’étais très généraliste : j’étais assez bon dans tous les cours mais pas spécialement en sciences. La biologie était parmi mes plus mauvaises notes, car j’avais horreur d’étudier par cœur ! Ainsi, j’ai obtenu le prix de français à la fin de mes études, et pas le prix en sciences ou en maths. De même, tout m’intéressait mais rien ne me passionnait tout particulièrement. J’ai donc longuement hésité entre à peu près toutes les options possibles et imaginables, et ai fini par me décider 3 jours avant la rentrée, en plein mois de septembre ! J’ai opté pour la biologie d’une part parce que cela me semblait un bon compromis entre des études intéressantes et une perspective d’emploi. D’autre part, parce que comprendre comment la vie fonctionnait me semblait tout particulièrement fondamental.
Le choix de mon master n’a pas été évident non plus. Après mes trois années de bachelier, la thématique qui m’avait le plus passionné était l’évolution. Cependant, plusieurs masters permettaient d’étudier des thématiques évolutives, notamment le master en biochimie et biologie moléculaire, et le master en sciences bioinformatiques. Finalement, mon choix s’est porté sur le master en biologie des organismes et écologie, car je préférais garder un contact avec l’organisme « entier » et avec son écosystème et la nature, plutôt que de me « limiter » à de la recherche en laboratoire ou sur un ordinateur. Au final, comme souvent, j’ai décidé de ne pas choisir, car je suis resté à la limite entre ces trois formations, mes recherches incluant une composante de biologie de terrain, une composante de biologie moléculaire et une composante de bioinformatique.
A la sortie des études secondaires, étudier à l’Université de Liège me semblait quasiment la seule option possible. Je pense qu’en Belgique, plus que dans d’autres pays comme la France ou les Etats-Unis, c’est presqu’un réflexe d’étudier à l’Université locale. Mes parents avaient fait leurs études à l’Université de Liège, et aller à l’Université de Liège me semblait un choix logique, car le programme des cours est complet et varié, et que la qualité des études semblait équivalente ou supérieure au reste de l’offre dans la région. A cette époque, étudier à l’étranger ne me semblait pas réaliste.
Ma carrière scientifique a véritablement débuté en septembre 2009, quand j’ai commencé à travailler sur un mémoire de fin d’études dans le service du Prof. Emmanuël Sérusiaux (aujourd’hui retraité). J’ai choisi ce mémoire car il touchait à l’évolution et aux symbioses, deux sujets que je trouvais passionnants. De plus, il incluait deux semaines de terrain sur l’île de la Réunion, ce qui ne gâchait rien, et ce qui reste à ce jour une des destinations qui m’ont le plus marquées. Ce mémoire s’intéressait à l’histoire évolutive d’un groupe de lichens, que j’étudie toujours à l’heure actuelle.
A nouveau, à la fin de mes études, je ne savais pas trop quoi faire. Essayer un doctorat ? Ou tenter de trouver du boulot ? La crise économique de 2008 était passée par là, et les perspectives d’emploi semblaient compliquées. Encore une fois, j’ai décidé de ne pas vraiment choisir : j’allais tenter d’obtenir une bourse FRIA, avec mon promoteur de mémoire E. Sérusiaux. Si je l’obtenais, va pour le doctorat. Sinon, j’essaierais de trouver du boulot ailleurs. Comme vous vous en doutez vu mon poste actuel, j’ai obtenu cette bourse, et entrepris 4 années d’études doctorales.
Jusqu’à présent, j’ai l’impression que dans ma carrière, je me suis souvent laissé porter par les flots et ai su saisir les bonnes opportunités au bon moment. Je n’ai jamais eu de plan de carrière bien défini.
Ma carrière à l’étranger a commencé un peu de la même manière. J’avais déjà eu l’occasion de réaliser un séjour d’un mois à l’Université du Connecticut pendant mon mémoire de master. Ma première année de doctorat en Belgique avait été assez calme même si elle m’avait tout de même permis de partir trois semaines pour une mission de terrain en Norvège, où j’ai traversé le pays du sud au nord en solitaire, avec une voiture de location et une tente. J’avais d’ailleurs dû passer mon permis de conduire en urgence avant de partir, après l’avoir raté deux fois pendant mes études de bachelier et master.
C’est au début de ma seconde année de doctorat que tout a basculé : mon promoteur de thèse m’a convoqué dans son bureau et, en substance m’a dit ceci : « Il y a une grosse équipe américaine qui travaille sur le même sujet que toi. Leur équipe et leurs moyens financiers sont bien plus importants que les nôtres. Je pense qu’il faut collaborer avec eux, plutôt que d’entrer en compétition. ». Me voici donc parti pour 3 mois à Duke University, en Caroline du Nord, aux Etats-Unis, dans le laboratoire du Professeur François Lutzoni. Mon anglais était loin d’être parfait, et je n’avais jamais passé plus d’un mois hors de Belgique. Cette expérience n’a, au départ, pas été facile. J’ai dû apprendre à vivre dans un endroit inconnu, une culture complètement différente, et un environnement de travail très compétitif. J’ai aussi dû expérimenter pour la première fois une relation à distance, grand classique des scientifiques en début de carrière. Cependant, l’expérience s’est très bien passée du point de vue professionnel, et au terme de ce séjour qui ne devait durer que trois mois, le Prof. Lutzoni m’a proposé de prolonger, et j’y aurai au final passé près de six ans de ma vie ! J’ai en effet passé les deux tiers de ma thèse de doctorat sur place, puis après la défense de mon doctorat en novembre 2014, j’y suis retourné pour continuer des recherches postdoctorales sur la même thématique. J’ai pour ce faire obtenu une bourse de la BAEF (Belgian American Education Foundation), qui finance un an de recherche postdoctorale à l’étranger. Pendant cette première année, j’ai rédigé un projet de recherches avec mes promoteurs sur place, qui a été financé par la National Science Foundation (l’équivalent local du FNRS), et qui m’a permis de continuer mes recherches pour trois années supplémentaires.
Je suis chargé de cours à l’Université de Liège depuis octobre 2020. Après mon expérience américaine, je suis rentré à Liège au printemps 2018. Après deux ans comme assistant/chercheur postdoctoral, j’ai postulé à une charge d’enseignement dans le domaine de la biologie de l’évolution et la gestion de la biodiversité.
En tant que chargé de cours, mes activités sont réparties de façon à peu près égale entre recherche et enseignement. Je fais partie du département de Biologie, Ecologie et Evolution et de l’Unité de Recherche InBioS, au sein de la Faculté des Sciences.
Au niveau de la recherche, je développe deux thématiques principales :
La première concerne l’écologie et l’évolution des symbioses, en particulier des lichens qui sont des symbioses entre des champignons et des partenaires photosynthétiques (algues vertes ou cyanobactéries). Ces recherches font intervenir des techniques comme la phylogénétique (étude des relations de parenté entre les organismes) et la génomique (le séquençage du génome de ces organismes).
La seconde concerne la conservation de la nature dans nos régions, qu’il s’agisse des plantes ou des animaux. Ces projets de conservation sont directement en lien avec mes activités d’enseignement. J’accompagne les mémoires de master de nombreux étudiants liés à ces thématiques.
En effet, je participe activement à l’encadrement du Master spécialisé en biologie de la conservation, biodiversité et gestion (BOE-BCBG). Je participe à de nombreuses activités de terrain avec les étudiants, notamment en Belgique, mais aussi lors d’un stage dans les Carpathes en Roumanie, et un autre dans les Cévennes en France. Je donne aussi des cours consacrés à la biologie de la conservation, à la biologie évolutive et à l’évolution des plantes.
Ce qui me plait le plus, c’est la diversité et la complémentarité de ces activités. J’apprécie particulièrement le contact avec les étudiants, et j’essaie de les aider au mieux, de les orienter, et de leur permettre d’atteindre leurs objectifs dans leur vie professionnelle. Je trouve cela particulièrement gratifiant quand je vois une personne que j’ai accompagné au début de sa carrière s’épanouir ensuite dans un métier qui lui plait.
Enfin, je suis le responsable des collections de l’Herbarium de l’Université de Liège, qui contient des centaines de milliers de specimens de plantes, de champignons et de lichens de grand intérêt scientifique et historique, et qui fait partie intégrante du Pôle Muséal de notre Université.
Je donne également des cours consacrés à la biologie de la conservation, à la biologie évolutive et à l’évolution des plantes
Évidemment, je n’aurais pas pu poursuivre une carrière académique sans ma formation universitaire. Ma formation m’a appris les bases de toutes les disciplines qui me permettent aujourd’hui de mener mes recherches ; même si du point de vue pratique, j’ai appris la plupart des particularités de mon domaine et des techniques que j’utilise à l’heure actuelle pendant mon doctorat.
Quand je me promène dans la nature, je ne peux pas m’empêcher d’observer la diversité des organismes présents, les interactions entre les différentes espèces, et de les rattacher à leur branche de l’arbre de la vie. Une déformation professionnelle.
Je pense aussi que les études universitaires m’ont amené un recul sur les choses, un esprit critique et une ouverture d’esprit, ainsi qu’un accès à une grande variété de savoirs par lesquels je n’aurais pas spontanément été intéressé, et qui constituent une solide culture générale.
Enfin, j’ai rencontré la plupart des personnes qui sont aujourd’hui importantes dans ma vie dans le cadre de mes études et de mon travail. Difficile de séparer vie privée et vie professionnelle quand on fait une carrière académique !
Je vais continuer à développer et à améliorer mes activités d’enseignements et de recherche pour renforcer les thématiques de biologie de la conservation, de biologie de l’évolution et de botanique à l’Université de Liège, et permettre à nos étudiants d’avoir une formation de grande qualité pour réussir sur le plan professionnel et humain après leurs études.
Vivre à l’étranger n’est pas toujours facile. Même après cinq années sur place, je me sentais toujours comme un total étranger : des habitudes différentes, un accent reconnaissable…On a toujours l’impression qu’on nous regarde bizarrement, on est un peu infantilisés par les locaux… De plus, apprendre à gérer les taxes, les assurances, le système de santé d’un autre pays, jongler avec le passeport, les visas… S’habituer à une culture, un aménagement du territoire différent. Cependant, cette expérience a aussi été la plus enrichissante de ma vie. J’ai profité à fond de la vie sur ce campus multiculturel, avec des collègues venant des quatre coins du monde, et me suis fait de nombreux amis originaires d’Europe, d’Amérique du Sud, d’Asie… J’ai également appris une autre mentalité de travail, où il faut travailler dur sans compter ses heures, mais où les moyens pour arriver à nos objectifs sont aussi plus importants. Au final, je suis ravi d’avoir passé ces années aux Etats-Unis dans un environnement de recherche très compétitif, mais je suis également soulagé d’être rentré en Belgique, où l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle est davantage respecté, et où il est possible de produire des travaux scientifiques de qualité sans subir une pression difficilement supportable sur le long terme.
Cette expérience m’a également permis de voyager énormément, à la fois pour récolter des organismes nécessaires dans le cadre de mes études, mais aussi pour donner des présentations dans des conférences internationales. Durant ces années, j’ai donc eu la chance de voyager au Panama, en Colombie, au Pérou, au Brésil, au Chili, en Afrique du Sud, en Namibie, en Finlande, en Norvège, en Islande, en Malaisie, en Thailande, au Japon et au Canada, et de parcourir les Etats-Unis de long en large. Avec un peu de recul, en particulier dans la période actuelle où il est presqu’impossible de voyager, je me rends compte que j’ai été extrêmement privilégié, et que mon impact sur l’environnement a été très important. Ceci dit, cela a été extrêmement enrichissant du point de vue humain, de découvrir tant d’écosystèmes, de cultures et de personnes différentes, mais surtout de se rendre compte que la Terre et les Hommes sont les mêmes partout.
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Licenciée en Sciences géologiques, Catherine Jarbinet est sommelière, caviste et formatrice à La Fée Pompette. Elle enseigne également à la Haute Ecole de la Province de Liège en Agronomie. Focus sur un parcours atypique.
Licenciée en Sciences géologiques, Capucine Bertola travaille pour l’asbl Pierres et Marbres de Wallonie et est consultante dans le secteur des carrières : un travail diversifié et créateur de liens.