Julie Absil, licenciée en Sciences physiques (ULiège, 2002) et Docteure en Sciences (ULB, 2006) est physicienne IRM à l’Hôpital Erasme. Rencontre avec cette scientifique rigoureuse dans la vie professionnelle mais qui ne manque pas d'autodérision au quotidien.

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Formation

Pouvez-vous résumer votre parcours ?

Après mon CESS à l’Athénée Royal d’Ath en 1998, je suis venue à Liège faire mes études et j’ai obtenu ma Licence en Sciences Physiques à l’ULg en 2002. A l’époque, les études se faisaient encore en 4 ans (2 années de candidature et 2 années de licence) et il n’y avait pas d’orientation spécifique pendant la licence, juste quelques choix de cours à option. On pouvait ensuite poursuivre sa formation par un DES, un DEA ou se lancer dans la folle aventure d’une thèse de doctorat. C’est le choix que j’ai fait, et je suis venue faire ma thèse à l’ULB dans le domaine de l’Imagerie par Résonance Magnétique (IRM). J’avais déjà suivi un cours à option en 2e licence sur cette technique, et ce domaine d’application de la physique me fascinait. J’ai eu la chance de trouver un promoteur de thèse qui connaissait parfaitement le sujet et qui travaillait directement dans un service d’IRM, ce qui m’a permis d’être tout de suite au contact du monde médical.

Pourquoi avez-vous choisi d'étudier cette matière à la Faculté des Sciences de l’Université de Liège ? Pourquoi avez-vous décidé de poursuivre avec un doctorat ?

J’ai toujours été attirée par les sciences et les mathématiques, et en 1997 j’ai participé à l’Expo-Sciences des Jeunesses Scientifiques avec un sujet dans le domaine de l’espace. Je pense que ça doit donc être à cette époque que j’ai décidé que je ferais la physique, pour devenir astrophysicienne ! L’Université de Liège était réputée dans ce domaine, et comme j’avais une amie - avec qui je faisais mes études de violon - qui commençait sa 1re candi Physique à Liège cette année-là, cela m’a convaincue de venir faire mes études dans la Cité Ardente. J’ai passé 4 années formidables à Liège ! Pour le doctorat, l’idée de continuer dans le monde de la recherche scientifique s’est imposée assez rapidement, je voulais me spécialiser dans un domaine précis et faire partie de la grande communauté des chercheurs.

Points forts de la formation

J’ai reçu une formation solide, rigoureuse et variée, abordant à la fois les aspects théoriques et pratiques de la physique. Outre la formation de qualité, il faut souligner que le campus de l’Université de Liège au Sart Tilman est un cadre magnifique pour faire ses études… Et puis il y a aussi tout le côté folklore étudiant particulièrement bien développé à Liège.

Julie Absil

Profession

J’ai présenté ma thèse de doctorat en novembre 2006, au terme de 4 années de recherche financées par le FRIA. Mais j’ai eu la chance énorme de pouvoir déjà être engagée comme physicienne IRM à l’Hôpital Erasme début octobre de la même année. Le collègue de mon promoteur avait remis sa démission pour partir travailler chez Philips Healthcare (qui fabrique des machines d’IRM), j’ai donc pris sa place comme deuxième physicienne du service. Et je suis toujours à ce poste 17 ans après.

Je suis donc la physicienne du service d’IRM de l’Hôpital Erasme, qui fait partie du HUB (Hôpital Universitaire de Bruxelles), l’Hôpital académique de l’ULB. Je fais partie du personnel cadre spécialisé non médical (paramédical).

En quoi consiste votre travail ? 

Ma fonction consiste à offrir un apport méthodologique et scientifique au sein du service de Radiologie, dans le but d’optimiser la qualité diagnostique des images de résonance magnétique et la prise en charge des patients.

Au quotidien, j’aide les technologues et les radiologues à résoudre des problèmes de qualité d’image, liés à la technique elle-même, à la morphologie du patient, à d’éventuels facteurs extérieurs… Je les aide également à effectuer certains traitements complexes d’images destinés à faire ressortir des informations supplémentaires. D’autre part, mon rôle consiste aussi à intégrer les nouveautés qui sont régulièrement disponibles car la technique d’IRM ne cesse d’évoluer et constitue un énorme domaine de recherche scientifique à laquelle je participe (mise au point de nouvelles méthodes physiques d'imagerie, intégration clinique de nouvelles approches d'imagerie…).

Je prends part aussi activement à la recherche clinique académique (par exemple j’ai été impliquée dans des études sur l’utilisation de l’IRM dans l’évaluation de la réponse à un traitement oncologique) et aux études cliniques avec sponsors pharmaceutiques (je mets en place des protocoles d’imagerie bien spécifiques pour des patients qui reçoivent un traitement dans le cadre d’une étude).

Je participe également à l’enseignement du personnel médical et paramédical en donnant des séminaires à l’attention des radiologues et des technologues en imagerie.

Enfin, une grande partie de mon travail consiste à maîtriser et contrôler les aspects de sécurité à l’IRM pour le personnel et les patients (je m’occupe activement de la gestion des patients avec implants à l’IRM). J’interviens aussi dans la gestion et le choix des équipements d'imagerie.

Ce qui me plaît le plus dans ce travail, c’est de pouvoir réellement aider des patients à bénéficier d’un examen de qualité, ce qui est primordial pour leur prise en charge médicale. Que ce soit en résolvant un problème d’artéfact (erreur) sur l’image, ou en changeant les paramètres d’acquisition du signal pour améliorer le contraste ou la précision des images, ou encore en permettant à un patient avec un dispositif électronique implanté de bénéficier en toute sécurité d’un examen qui n’était peut-être pas réalisable ailleurs, je me dis que c’est très gratifiant de voir ainsi concrètement toute l’utilité de la physique appliquée dans le domaine médical.

Apport de votre formation

Quels ont été les apports de votre formation dans votre vie professionnelle ?

Apports de la formation dans la vie professionnelle

La rigueur scientifique du physicien lui permet d’aborder les différents problèmes rencontrés de manière très structurée, organisée et réfléchie. C’est vraiment la manière de réfléchir, d’organiser sa réflexion, son travail, qui est, je pense, très appréciée dans de nombreux domaines. 

Julie Absil

Dans mon domaine d’activité, la santé des patients est en jeu, donc je me dois de rester très rigoureuse et objective dans mes analyses, dans les informations que je donne aux médecins concernant des conditions de compatibilité d’implants, dans l’évaluation d’éventuels artéfacts sur les images etc. C’est une grande responsabilité, mais bien évidemment ce sont toujours les médecins qui, au final, prennent les décisions médicales.

Et sur le plan personnel ?

Je suis une grande maniaque de l’ordre… et du fichier Excel !!  Est-ce que ça vient de ma formation, difficile à dire… Comme pour le plan professionnel, je suis assez organisée dans ma vie personnelle, mais le petit grain de folie et d’autodérision n’est heureusement jamais très loin… Et puis ma formation me permet aussi de soutenir mes enfants dans leurs études, que ce soit en maths ou en sciences. Sauf qu’apparemment, je n’explique pas « comme Madame » et ça, ça donne lieu parfois à des discussions. 

Souhaitez-vous partager une anecdote, un évènement particulièrement enrichissant/valorisant de votre parcours/carrière ?

Je me rappelle d’une jeune patiente qui devait absolument faire un examen d’IRM fonctionnelle cérébrale (IRMf). C’est une technique d’IRM qui permet d’identifier les zones d’activation du cortex cérébral lors d’un stimulus (tâche motrice, de langage…). Cet examen était vraiment nécessaire pour sa prise en charge chirurgicale (le neurochirurgien avait besoin de nos images pour guider son geste), mais la patiente ne parvenait pas à réaliser l’exercice de langage qu’on lui demandait de faire, car le texte à lire défilait trop vite pour elle (à cause de sa pathologie). Il a fallu que je reprogramme très rapidement tout un code informatique régissant l’organisation temporelle d’affichage des stimuli. J’y suis arrivée et la patiente a pu bénéficier d’une IRMf contributive. Ce jour-là je suis rentrée chez moi avec le sentiment du devoir accompli.

Sinon, comme anecdote, il faut savoir que dans ma famille tout le monde est dans le médical (mon papa était médecin, mes sœurs et mes beaux-frères sont médecins et ma maman a fait des études d’infirmière). Je suis donc la seule de la famille à ne pas avoir fait d’études médicales… Mais au final, je travaille quand même dans un hôpital !

Quels sont vos projets pour le futur ?

Continuer à approfondir mes connaissances de l’IRM, car il y a encore beaucoup de choses que je ne maîtrise pas ! Je veux juste continuer à faire mon travail du mieux que je peux, et continuer à être disponible pour les médecins, les radiologues et les étudiants.

Aux futur·es étudiant·es

La Science a besoin de vous ! Il reste tant de choses à découvrir, à améliorer, dans tant de domaines différents… Une formation de scientifique rigoureux et organisé est dans tous les cas un bonus dans la vie, même si par la suite vous ne vous orientez pas vers la recherche. 

Julie Absil

Publié par Sylvie Marchal, le 19 juin 2023
modifié le 12/10/2023

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