Une publication dans PLoS Biology

Les efforts actuels de conservation de l'Antarctique sont insuffisants pour éviter le déclin de la biodiversité



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Un manchot empereur solitaire flottant sur un iceberg loin de sa colonie dans la péninsule Antarctique. ©Jasmine Lee

Une étude internationale menée par l’Université du Queensland en Australie et à laquelle a participé Annick Wilmotte, botaniste au sein de l’Unité de Recherches InBios (Faculté des Sciences) de l’ULiège démontre que les politiques mises en œuvre jusqu’ici pour tenter de sauver les écosystèmes en Antarctique sont insuffisantes mais que d’autres solutions plus efficaces pourraient être engagées. Cette étude fait l’objet d’une publication dans la Revue PLoS Biology.

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es efforts de conservation mis en place actuellement pour protéger les écosystèmes de l'Antarctique sont insuffisants. Une étude menée par Jasmine Lee de l’Université du Queensland en collaboration avec d’autres chercheurs estiment que l’on pourrait même faire face à des déclins de population pour 65 % de la faune et de la flore du continent d'ici 2100. Pourtant des solutions pourraient être envisagées, mais ces dernières auront un coût.

« Pour mieux comprendre quelles sont les espèces les plus vulnérables et identifier les actions les plus rentables, explique Jasmine Lee, nous avons combiné des évaluations d'experts avec des données scientifiques afin d'évaluer les menaces et les stratégies de conservation pour l'Antarctique. ». Annick Wilmotte, Maître de recherches F.R.S.-FNRS au sein de l’unité de recherches InBios (Faculté des Sciences) de l’ULiège, est quant à elle intervenue au niveau des évaluations concernant les communautés d’algues et les microorganismes. Les chercheurs ont rassemblé un panel de 31 experts de la biodiversité terrestre en Antarctique, venant du monde entier, pour identifier les stratégies de gestion pour mitiger les menaces pour la biodiversité antarctique et quantifier les coûts, la faisabilité et le bénéfice de chaque action.   

Gentoos ©Jasmine Lee

Pingouin gentoo marchant à Yankee Harbour, Péninsule Antarctique  ©Jasmine Lee

Le changement climatique a été identifié comme la menace la plus grave pour la biodiversité de l'Antarctique et influencer la politique mondiale pour limiter le réchauffement reste la stratégie de conservation la plus bénéfique. Avec les stratégies de gestion actuelles et un réchauffement de plus de 2 degrés Celsius, 65 % des plantes et des animaux terrestres seront en déclin d'ici 2100. Les manchots empereurs (Aptenodytes forsteri) ont été identifiés comme les plus vulnérables, suivis par d'autres oiseaux de mer et les vers nématodes, qui représentent  à eux seuls une part très importante de la diversité biologique sur terre. Des stratégies de gestion mises en place au niveau régional pourraient bénéficier à 74 % des plantes et des animaux. «Un coût estimé à 1,92 milliard de dollars au cours des 83 prochaines années, soit 0,004 % du PIB mondial en 2019. » Les stratégies de gestion régionales identifiées comme offrant le meilleur retour sur investissement sont la réduction des impacts des activités humaines, l'amélioration de la planification et de la gestion des nouveaux projets d'infrastructure et l'amélioration de la gestion des transports.

L'Antarctique étant confronté à une pression croissante due au changement climatique et aux activités humaines, une combinaison d'efforts de conservation régionaux et mondiaux est nécessaire pour préserver la biodiversité et les services écosystémiques de l'Antarctique pour les générations futures, indiquent les auteurs. La mise en œuvre de ces dix stratégies clés de gestion des menaces - pour un coût annuel de 23 millions de dollars américains - bénéficierait à 84 % des groupes d'oiseaux, de mammifères et de plantes terrestres.

Et Jasmine Lee de conclure "Ce que ce travail montre, le changement climatique est la plus grande menace pour les espèces de l'Antarctique et que nous avons besoin d'efforts d'atténuation au niveau mondial pour les sauver. Cela permettra non seulement d'assurer leur avenir, mais aussi le nôtre. "

Référence scientifique

Lee JR, Terauds A, Carwardine J, Shaw JD, Fuller RA, Possingham HP, et al. (2022) Threat management priorities for conserving Antarctic biodiversity. PLoS Biol 20(12) : e3001921. https://doi.org/10.1371/journal.pbio.3001921

Auteurs :  Australie, Royaume-Uni, États-Unis, Afrique du Sud, Nouvelle-Zélande, France, Danemark, Norvège, Suisse, Belgique

Contacts

Annick Wilmotte (ULiège)

Jasmine Lee (Université du Queensland)

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